mercredi 25 juin 2014

#challenge AZ - V comme Vies



          Trois dates, un métier, une signature ou pas… la plupart de nos ancêtres se résument à ces maigres faits. Collectionneurs d'ancêtres soigneusement étiquetés d'un numéro Sosa, nous aimerions bien en savoir un peu plus sur leur cadre de vie, leurs coutumes et leur mentalité. Rarissimes témoignages directs de la vie du petit peuple de France et d'ailleurs, ces livres m'ont plongée dans l'univers tantôt familier tantôt étrange des paysans et artisans des XVIIIe et XIXe siècles.



          Je me suis composé un rayon de bibliothèque à partir de ces récits de vie ou mémoires de petites gens glanés au hasard des parutions et des brocantes. Existe-t-il des points communs entre ces auteurs ? Difficile à dire. Beaucoup ont voyagé, une ou plusieurs fois ou toute leur vie. Certains ont transgressé les barrières sociales



         **   Je ne fais que mentionner tant il est connu le Tableau de Paris de Sébastien Mercier, 1740-1814. C'est un incontournable pour la fin du XVIIIe siècle.


     **     Trouvé dans une brocante les Mémoires de Valentin Jamerey-Duval 1695-1775 (Ed le Sycomore).

Un parcours étonnant. Ces Mémoires ne furent pas publiées du vivant de l'auteur, mais connurent un grand succès au XIXe siècle seulement.

Fuyant les coups de son beau-père violent, un petit paysan illettré et misérable apprend à lire auprès de bergers, puis s'instruit au gré de ses rencontres en ingurgitant tous les ouvrages que le hasard place sur son chemin, religion, géographie, histoire romaine… il devient un des plus grands érudits de son temps et se fait remarquer  par le duc de Lorraine Léopold, puis par Marie-Thérèse d'Autriche qui l'emploient successivement à leur cour de Lunéville et de Vienne.



     **   Exactement contemporain de Louis Sébastien Mercier, Jacques Louis Ménétra (1738-1812) est un compagnon vitrier "Parisien le Bienvenue" (sic) qui raconte sa jeunesse et ses voyages de compagnon du Tour de France. La lecture est aisée malgré l'absence de ponctuation à laquelle Daniel Roche remédie en laissant des intervalles. De nombreuses notes expliquent les tournures de phrases et allusions étranges de cet homme du peuple. Le Journal de ma vie est publié chez Albin Michel.


    **   Moins connu que les précédents, Louis Simon (1741-1820) est un artisan étaminier qui passa sa vie dans un village du Maine (Sarthe). Instruit par son père, Louis Simon a rédigé un texte étonnant : ses amours contrariées, son voyage, les violences et nouveautés de la révolution sont consignées dans 96 pages d'un vieux livre de compte qu'Anne Fillon a passé au crible de l'historien. Le texte et le commentaire sont passionnants. (Ed Ouest-France)
  
   **   Certes Athénaïs Mialaret (1826- 1899) devenue  la seconde Madame Michelet n'est pas une femme du peuple. Mais son livre évoque ce qu'il est très difficile de percevoir dans ce siècle : la condition enfantine. Plus prolixe que George Sand sur la question, loin des livres de la Comtesse de Ségur, Athénaïs raconte ses souvenirs, ses rêveries, ses émotions d'enfant solitaire. Mémoires d'une enfant aux éditions Mercure de France - Le Temps retrouvé.


 **  Un incontournable de la biographie populaire du XIXe siècle, Mémoires d'un compagnon par Agricol Perdiguier (1805-1875), Imprimerie Nationale - Acteurs de l'Histoire. Récit de la jeunesse et des voyages d'un compagnon menuisier qui, au départ sait tout juste lire et écrire, mais qui s'instruit et fréquente les grands auteurs de son époque. "Avignonnais la Vertu" cherche à réconcilier Devoirants et Gavots, les sociétés de compagnonnage ennemies. Dans un siècle aux nombreux revirements politiques, il s'engage pour l'avènement de la République.

   **   Quand j'ai montré ce livre à ma très catholique mère, elle en fut un peu choquée. Comment un Breton pouvait-il être aussi violemment antireligieux ? C'est qu'il n'est pas tendre avec les prêtres ni avec Jésus notre paysan Bas-Breton. Jean Marie Déguignet (1834-1905), dont le premier métier était mendiant, apprend seul la lecture, le français et le latin, s'engage dans l'armée et participe aux campagnes du second Empire. De retour en Bretagne, il
 exerce plusieurs métiers, et finit dans la misère. Mémoires d'un paysan Bas-Breton, Ed AnHere








  **   Ce n'est pas un récit autobiographique, mais Rétif de la Bretonne retrace la vie d'Edme Rétif son père, un paysan bourguignon au XVIIIe siècle. Même si la campagne est vue de façon idyllique, les détails de la vie quotidienne, les remarques sur les mentalités, la famille, par exemple sont des renseignements précieux. 

2 commentaires:

  1. Dans la même veine, on peut rajouter "Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon". Elles racontent la vie de Martin Nadaud : petit creusois parti faire le maçon à Paris dès 14 ans, il s'élève dans la société, à force de travail et de cours du soir, jusqu'à devenir député de la Creuse. Vous ignorez peut-être son nom, mais vous le connaissez pourtant : il est l'auteur de la célèbre phrase "Quand le bâtiment va, tout va !"

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  2. Ces livres ont l'air tous plus intéressants les uns que les autres :-) Merci pour le partage !
    J'ai découvert aussi récemment un livre racontant la vie d'un paysan de l'Allier au XIXème siècle. Il s'agit de "Vie d'un simple" d'Emile GUILLAUMIN qui était lui-même métayer et avait eu la chance d'aller à l'école, contrairement à beaucoup de ses contemporains.
    Elise

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