L'Exposition Universelle que le président de la République Emile Loubet inaugure à Paris le 14 avril 1900 a été la plus réussie de toutes. Il faut dire que pour célébrer la fin du siècle de la vapeur et pour marquer brillamment l'avènement de la "Fée Electricité" la France n'a pas lésiné.
Cent vingt millions de francs ont été consacrés depuis quatre ans à la construction de palais, de pavillons, de stands et d'attractions diverses. Non seulement ce fut la plus vaste, la plus grandiose, la plus universelle des expositions, mais ce fut aussi une extraordinaire fête populaire.
A partir du mois d'avril et jusqu'en novembre 1900 plus de cinquante millions de visiteurs se pressent aux portes d'entrée pour visiter les gigantesques palais de toutes les nations du monde, construits entre la Concorde et le Champ de Mars : des rois et des princesses, des présidents et des ministres, des magnats de l'industrie et du commerce, des bourgeois de province endimanchés, des Anglais, des Belges, des Américains, des Allemands sont venus se mêler à la foule parisienne. Le monde entier sur 112 hectares.
On se précipite au Pavillon Schneider du Creusot pour voir
le Marteau-pilon de cent tonnes, on fait la queue devant le pavillon de Siam (comment
peut-on être Siamois ?), on se bouscule pour entrer au Pavillon Laotien, on s'étonne au Palais des Illusions, on piétine devant les stands des
limonadiers, on regarde, on admire, on s'émerveille, on se régale, on dépense…
Mais personne, absolument personne ne veut manquer la plus amusante des
attractions, le trottoir roulant, baptisé "rue de l'Avenir". Pour 50
centimes on accède par une des neuf stations à un trottoir fixe, puis une
plate-forme lente (4 km/h) et à une plate-forme rapide (8 km/h) sur le parcours
long de 3 km, combien de chutes ?
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Parmi les visiteurs de l'Exposition se trouvent trois
membres de notre famille, venus de Hayange en Moselle annexée (alors dans l'Empire allemand) : l'Oncle Adolphe, non pas le petit moustachu, le
nôtre, Nonon Adolphe Schiltz, comme on dit en Lorraine, sa femme Maria et sa belle mère.
Ils arrivent à Paris le 21 juin. La première ligne de métro n'a pas encore été inaugurée, mais ils ont pu voir la nouvelle gare d'Orléans (aujourd'hui musée d'Orsay) et le pont Alexandre III tout juste terminé lui aussi. Le contenu des cartes envoyées à la famille est bien sommaire, car à cette époque la carte postale n'en était qu'à ses débuts : tout le verso était consacré à l'adresse et au timbre, on ne pouvait donc qu'envoyer son meilleur souvenir à la famille dans un coin de la photo.
Carte adressée à mon grand père par son frère, le 24 juin 1900 |
1. le Pont des Invalides
2. la Tour Eiffel (datant de l'Exposition 1889)
3. le pavillon de l'Italie (genre cathédrale de Milan)
4. l'Empire Ottoman
5. les Etats-Unis
6. l'Empire d'Autriche
7. la Grande-Bretagne
8. l'auditorium du Trocadero construit en 1878 (très décrié)
9. la ville de Paris
10. les Palais de l'horticulture et de l'arboriculture
En scrutant bien les quelques phrases écrites sur les cinq cartes postales envoyées, on sait donc qu'il sont restés du 21 au 29 juin, qu'ils sont descendus à l'hôtel de Strasbourg près de la gare de l'Est, qu'ils ont visité les pavillons de l'agriculture, des colonies situés au au Trocadero, qu'ils ont passé une journée à rendre des visites (chez des amis ou parents). On sait qu'ils sont allés plusieurs fois à l'Expo, qu'ils se sont bien amusés et que c'était fatigant - on s'en doutait un peu. Le reste : des détails pratiques sur le courrier, les horaires des trains et les courses à faire.
Gaiz-é-contents, ils raconteront ce qu'ils ont vu à leur retour. Sont-ils montés à la Tour Eiffel ? Ont-ils vu le Parc de Vincennes et ses automobiles ? le Palais de la Fée Electricité ? On peut tout imaginer.
Plan des installations de l'Exposition, des Invalides au Trocadero |
Mon grand père y est allé par la suite, mais je n'ai retrouvé que le plan de l'exposition ainsi que celui du parc de Vincennes où se trouvaient de grands pavillons d'industrie et d'agriculture principalement. Comme jeune ingénieur, il a certainement visité les merveilles de l'industrie automobile et ferroviaire
L'Exposition couvre donc tout un quartier de Paris, l'Esplanade des Invalides, les Quais, le Champ de Mars. Plus de 36 portes d'entrée dont la Porte Monumentale de la Place de la Concorde, vaste gâteau à la crème qui ne fit pas l'unanimité. Vous imaginez le chantier de ce secteur de Paris entre 1896 et 1900 quand il fallut construire 400 pavillons et palais (dont le Grand et le Petit Palais), le Pont Alexandre III, le métro, la gare d'Orléans, sans parler de l'aménagement du parc de Vincennes qui servait d'annexe.
Placée sous le signe de l'excès cette Exposition chercha à marquer de manière grandiose l'entrée dans le XXe siècle. On a voulu montrer l'image d'une France riche et puissante par son industrie, son agriculture, son commerce, son Empire colonial, et capitale mondiale de la culture occidentale.
Il reste de ce vaste ensemble le Petit et le Grand Palais, le Pont Alexandre III, la gare d'Orsay, le funiculaire de Montmartre et quelques petits bâtiments. Tout le reste a été démoli aussitôt.
hélas la France d'aujourd'hui n'a plus rien a voir avec celle de 1900, quel dommage , bel exposé et surtout belle documentation.
RépondreSupprimerselma